Les élus corses choisissent la relance du rail insulaire

L'Assemblée territoriale affirme sa volonté de donner un nouveau souffle au réseau des Chemins de fer de la Corse. On évoque même la réouverture de la ligne de la plaine orientale.

Hypothèse haute retenue le 28 octobre par les élus de l'Assemblée territoriale corse : 700 millions de francs au cours des sept prochaines années afin de redonner une véritable ambition au réseau de Chemins de Fer de la Corse (CFC). C'est aussi leur réponse au Premier ministre qui, en visite sur l'île début octobre, avait promis le soutien du gouvernement si on lui proposait des projets structurants, porteurs et ambitieux.
Ambitieux, c'est assurément le cas si cette hypothèse de financement est retenue.

En effet, le 15 octobre dernier, on avait estimé aux alentours de 300 millions de francs - en fonction d'audits réalisés l'un pour la SNCF l'autre pour la collectivité territoriale - les investissements nécessaires pour les quinze ans à venir, soit environ 20 millions de francs par an.
Comparés aux 11 millions de francs affectés au rail lors du précédent contrat de plan, cela avait semblé trop peu ambitieux pour les élus corses, qui s'étaient associés à une motion lancée par le groupe communiste. Ils trouvaient le délai de quinze ans trop long, les investissements trop limités. Quinze jours plus tard, tout le monde est unanimement accordé pour proposer une partition jouée sur un temps plus limité de sept ans.
Histoire de tester les " ambitions " du gouvernement pour l'île de Beauté, les élus insulaires échafaudent trois hypothèses. La première prévoit, pour 100 millions de flancs, un " toilettage " avec une sorte de prolongation naturelle du onzième plan.

La deuxième, avec 150 millions, ouvre la porte à un début de développement et permet quelques achats de matériel afin de remplacer des ABH Renault en bout de vie (datant de 1954) et circulant encore sur la ligne de la Balagne.

La troisième, avec 700 millions de francs à la clé, mobilise les meilleures intentions des élus de l'ensemble du monde politique corse. L'objectif prioritaire affiché vise clairement à faire du Chemin de fer un élément essentiel, propice à un nouveau développement économique de l'île. Au programme : au-delà de la modernisation, l'extension au sud de la banlieue bastiaise de la ligne orientale, fermée après la guerre, où il n'y a plus de rail mais toujours une précieuse plate-forme ferroviaire. L'intérêt résiderait, fortement, dans les transports fret, en particulier pour ce qui concerne le délicat transport d'ordures ménagères avec des flux saisonniers de plus en plus importants. Une complémentarité entre routes, desservant des villages à l'axe principal, et fer semble la bonne solution, multimodale, pour répondre à la demande croissante.
Outre cette ligne à l'est de l'île, les 700 millions de francs permettraient au chemin de fer corse de passer à la vitesse nettement supérieure. Avec une modernisation du réseau existant, permettant de diminuer de façon appréciable, le temps de parcours entre Bastia et Ajaccio : 2 heures 30 au lieu de 3 heures 15. Avec, également, un parc doté de matériel nouveau sur l'ensemble du réseau.
100, 150 ou 700 millions. . . les trois hypothèses sont intégrées dans le cahier des charges transmis aux trois candidats à l'exploitation du réseau corse : les " nouveaux amis " de quelques jours, la SNCF - l'exploitant " sortant " - et Via GTI d'un côté, les Chemins de Fer départementaux de l'autre. Ils doivent donner leur réponse - propositions de services, scénarios autour d'un maintien obligé des emplois à leur niveau actuel d'ici la mi-janvier, date à laquelle seront ouverts les plis. L'exploitation par le " nouveau " concessionnaire étant prévue au printemps de l'an 2000.
Outre le contexte, politique et insulaire, favorable au rail, la situation des Chemins de fer de la Corse incite à un certain optimiste, l'année 1998 a, en effet, été marquée par une inversion de tendance et un véritable renouveau : on a compté 100 000 voyageurs de plus qu'en 1997, soit un total de 700 000. Pour l'année 1999, ce bon cap est maintenu.
Avec, depuis 1998, une hausse de 25 % du trafic. Des chiffres liés non seulement à la saison touristique, mais aussi au retour dans les trains, tout au long de l'année, d'abonnés scolaires, étudiants et salariés. Du client insulaire, en quelque sorte. Celui auquel les élus de l'île ont sans doute, lors de leur vote, pensé en tout premier lieu.


Pascal GRASSART LVDR du 24 nov.99

La Corse veut muscler son réseau ferroviaire

Jeudi 15 octobre, l'Assemblée territoriale de Corse devait adopter le cahier des charges pour le futur exploitant du réseau ferroviaire. Trois candidats sont en lice : l'actuel exploitant, la SNCF, VIA-GTI, les Chemins de fer départementaux. Mission repoussée à plus tard, sans doute le 28 octobre, une lois étudiés les 49 amendements présentés. Car dans un contexte marqué, ce jeudi 15, par une grève des cheminots à l'appel de la CGT et du Syndicat des travailleurs corses, on a d'abord débattu des sommes qui devraient être affectées au chemin de fer dans le prochain contrat de plan. " La difficulté, c'est la gestion simultanée des deux dossiers ", note pudiquement un responsable de l'Assemblée territoriale.
Lors du précédent contrat de plan, environ 11 millions de francs par an étaient affectés au rail. Deux audits réalisés l'un pour la SNCF l'autre pour la collectivité territoriale ont estimé aux alentours de 300 millions de francs les investissements nécessaires pour les quinze ans à venir, soit environ 20 millions par an. Cela devait permettre une mise à niveau de la voie entre Bastia et Ajaccio, avec un temps de parcours par train équivalant à celui par voiture. Cela a semblé trop peu ambitieux pour l'Assemblée corse, qui s'est associée à une motion lancée par le groupe communiste.
A la clé : des investissements à réaliser plus vite - sept ans au lieu de quinze - et de façon plus importante, sans oublier la modernisation de la ligne de la Balagne, ni l'extension au sud de Bastia vers la plaine orientale. On évoque désormais la nécessité de débloquer, en sept ans, quelque 700 millions de francs.

P. G. LA VIE DU RAIL 27 octobre 1999