LES CHIFFRES ALARMANTS DE LA POLLUTION AUTOMOBILE

LES COÛTS EXORBITANTS DE LA DETTE AUTOROUTIÈRE

 

LA pollution provoquée par la circulation automobile fait en France davantage de morts par an que les accidents de la route.
Très exactement 17 629 décès prématurés dus à cette pollution, contre 8 300 tués sur les routes en 1998.
C'est le chiffre stupéfiant révélé par une étude, la première de cette ampleur, menée par l'OMS (Organisation mondiale de la santé) dans trois pays européens : la France, l'Autriche et la Suisse. Sur ces trois pays cumulés, précise l'OMS, « l'exposition à long terme des adultes âgés de plus de 30 ans à un air pollué par le trafic automobile entraîne 21 000 morts prématurés par an par maladie respiratoire ou cardiaque ».
Etant entendu que, pour les auteurs de l'étude, ces « morts prématurées » ne sont pas dues exclusivement à la pollution mais ont été accélérées par celle-ci. Néanmoins ce chiffre énorme ne devrait pas manquer de relancer le débat sur les politiques de lutte contre la pollution, notamment en ville (où 50 % de la pollution de l'air est attribuée aux particules fines émises par l'automobile, contre 30 % « seulement » en milieu rural). « Les transports routiers représentent la source la plus importante de pollution de l'air et son augmentation est permanente. Nous devons prendre le problème à bras le corps », lance le docteur Carlos Dora, de l'OMS.
Un coût phénoménal !
L'étude sera présentée aujourd'hui à Londres, à l'occasion d'une conférence de l'ONU réunissant 70 ministres de l'Environnement et de la Santé. Entrant dans le détail, les experts constatent en outre que 135 000 crises d'asthme chez les enfants sont provoquées chaque année par la pollution automobile, également responsable de 250 000 cas de bronchite. Quant aux malaises cardiovasculaires et respiratoires, ils donnent lieu à 18 000 hospitalisations par an dans l'Hexagone. Ces multiples effets sur la santé ont évidemment un coût, tant en matière de traitements médicaux que de journées de travail perdues, que l'OMS chiffre globalement, pour les trois pays étudiés, à 27 milliards d'euros (environ 175 milliards de francs).
Même si ces estimations devront être prises avec prudence, elles soulignent l'urgence de mesures efficaces contre ce fléau. Hier, l'indice de qualité de l'air était « médiocre » (indice 6) à Paris, et le niveau 2 de pollution atmosphérique était atteint à Bordeaux.
H.V. Le Parisien du 17-06-99

 

DÉPÉCHE TRANSPORT :

France nature environnement (FNE), qui fédère les associations de protection de la nature, affirme, dans un communiqué, que la « dette autoroutiére » s'élevait à 242 milliards de francs (36,9 milliards d'euros) au 31 décembre 1997. Pour arriver à ce chiffre, FNE s'est livré à une analyse de différents documents comptables officiels et a additionné la dette en capital des Sociétés d'économie mixte de construction d'autoroutes (SEMCA) (130 milliards de francs), leurs charges différées (37 milliards) et les intérêts dus (75 milliards).

Le Monde du 10-06-99