Le tram à la conquête de la Petite Ceinture


Un tramway parisien empruntant tour à tour la Petite Ceinture et les Maréchaux
qui jouerait les trams-trains en passant des voies SNCF aux voies urbaines... L'étude de Systra, menée à l'initiative du STP, de la RATP, la SNCF et RFF avance.
Un gros avantage :
le coût du projet est très inférieur à celui d'un tram classique.


Et si le tram-train était l'avenir de la Petite Ceinture ? Cette idée lancée par une étude de Systra, menée à l'initiative de la direction régionale de l'Equipement, la préfecture de Paris, la RATP, RFF la SNCF et du Syndicat des transports parisiens, est une contribution au débat amorcé l'été dernier sur l'avenir de l'ancienne ligne circulaire. Rappelons que le maire de Paris avait alors préconisé la création d'une coulée verte sur les emprises de la ligne et la mise en site propre du bus PC sur les boulevards des Maréchaux (voir LVDR n° 2659 du 26 juillet 1998).
Le 7 juillet dernier, un automoteur TER, affrété par la direction SNCF déléguée au Périrurbain, a emmené des élus parisiens, parmi lesquels Jacques Toubon, maire du XIIIe arrondissement, faire un « demi-tour » ferroviaire de la capitale, de Bercy au pont de Flandre. Ce voyage, sur une ligne de moins en moins oubliée désormais, a été l'occasion de présenter aux élus les résultats de l'étude « Un projet de transport pour la Petite Ceinture », réalisée par Systra en février 1999. Cette étude propose d'utiliser ces infrastructures pour mettre en place un service de transport urbain
rapide par tram-train. Cette création est liée à une démarche globale d'aménagement urbain prenant en compte les nuisances visuelles et sonores (voie appropriée, matériels légers et silencieux, caténaire simplifiée) ainsi que la mise en valeur des sites traversés (architecture, aménagements paysagers), selon ce principe : « créer un trmnway dans un jardin » pour un coût très inféneur à celui d'un tram classique. L'étude se fonde sur la possibilité de la création de deux services se superposant en partie, les tram-trains du Sud-Ouest et du Nord-Est.
- Le tram-train du Sud-Ouest, qui totalise environ 25 km, est une liaison La Défense - Bercy utilisant successivement les infrastructures du tram Val-de-Seine (La Défense - Issy), puis, en alternance, selon un tracé à discuter, la Petite Ceinture et/ou les boulevards des Maréchaux de Boulevard-Victor à la porte de Charenton, et, enfin, les voies d'accès à la gare de Paris-Bercy. Une antenne allant vers Masséna et la bibliothèque François-Mitterrand, voire vers Austerlitz, étant proposée en surface sur la dalle de l'avenue de France. L'étude précise que « c'est en prolongement du TVS que la Petite Ceinture sud peut [aider à établir] des liaisons fortes entre La Défense, la ZAC Citroën, la porte de Versailles (parc des expositions) et Masséna ».
Outre les correspondances avec les RER B (à Cité-U) et C (à Boulevard Victor et Bibliothéque - F.- Mitterrand), le tronçon sud de la Petite Ceinture permet en effet six connexions avec le métro urbain (les lignes 8, 12, 13, 4 et 7 en deux points), la section Masséna - Bercy restant apte au trafic ferroviaire classique. Ce tram-train du Sud-Ouest serait également en correspondance avec l'autobus en site propre, en cours de création, sur la RN 305 qui reliera la porte de Choisy au Trans-val-de-Marne,à hauteur de Choisy-le-Roi. Un prolongement suburbain serait possible sur la RN 19 jusqu'à Maisons-Alfort.
- Le tram-train du Nord-Est, qui se développerait aussi sur 25 km, partirait de Bibliothéque - F.- Mitterrand, voire de la gare d'Austerlitz, rejoindrait la porte de Clichy où une correspondance serait proposée avec le RER C et, à terme, avec la branche ouest de la ligne de RER E à Pont-Cardinet. D'Austerlitz à Bibliothéque - F.- Mitterrand et de Masséna à la porte de Vincennes, des alternatives permettent d'utiliser les emprises ferroviaires ou des boulevards extérieurs, de même entre la porte de la Chapelle et la porte de Clichy. A partir de la future gare Evangile du RER E, les véhicules roulant sur la Petite Ceinture pourraient également emprunter la ligne de tram projetée allant vers le Stade de France, la gare de Saint-Denis (correspondance avec le tram T 1) et Villetaneuse. Une autre possibilité existe avec l'utilisation de la ligne des Docks vers le RER C. Le tram-train du Nord-Est serait en correspondance en huit points dans Paris avec le métro (les lignes 14, 8 en deux points, 1, 9, 3 5, 7, voire 12 et 4). Des services directs pourraient relier La Plaine-Saint-Denis, la banlieue Nord ou l'Est, vers les nouveaux quartiers de Bercy ou de Tolbiac, tandis que l'ouverture de stations dans les quartiers mal desservis de Charonne, de Ménilmontant ou des Buttes-Chaumont permettrait des liaisons avec le réseau existant.
Selon ses promoteurs, l'association de liaisons rapides (30 à 35 km/h) en rocade et de pénétrations dans les secteurs clés de Paris fait du tram-train Petite Ceinture un véritable projet urbain.

Le fret au coeur de Paris


L'étude de Systra aborde également diverses possibilités d'utilisation de la Petite Ceinture pour « les besoins de la logistique urbaine », autrement dit le fret. En effet, 50 000 tonnes de marchandises sont chaque jour acheminées en Ile-de-France, dont 80 à 90 % par la route. L'arrivée dans Paris de milliers de camions de livraison contribue à l'encombrement de la voirie et au développement de nombreuses nuisances que les plans de déplacements urbains (PDU) visent à limiter. C'est pourquoi la partie fret de l'étude tram-train Petite Ceinture a été mise au point dans le cadre du volet « marchandises » du PDU de l'IIe-de-France.
Quotidiennement, une quinzaine de tramways de marchandises pourraient ainsi utiliser les voies de la Petite Ceinture pour approvisionner des plates- formes de distribution situées à proximité de la ligne et supprimer de nombreux parcours terminaux routiers. Au sud, il s'agit des sites d'entrepôts des Gobelins, Vaugirard et, éventuellement, de la zone d'activité d'lssy-les-Moulineaux. Au nord, les sites fret proposés sont ceux de l'Evangile, de la Chapelle et des Bâtignolles. La création des équipements logistiques pourrait être phasée avec la partie voyageurs du projet.
Fin 1999, dans le cadre du PDU francilien, la SNCF devrait présenter un projet logistique complet incluant la Petite Ceinture, relançant ainsi l'idée de la présence du fret ferroviaire au coeur des villes. Une idée déjà ancienne remise au goût du jour. On peut rappeler le projet de desserte des Halles centrales par la ligne de Sceaux présenté en 1937 par la CMF ancêtre de la RATP ou, plus récemment, la proposition d'approvisionner les grands magasins par la gare Haussmann-Saint-Lazare d'Eole...
Une autre fonction de la Petite Ceinture, qui doit absolument être sauvegardée, concerne les échanges de matériels SNCF intergares entre les gares du Nord et de l'Est d'une part, les gares de Lyon et d'Austerlitz d'autre part. Selon l'étude de Systra, cette fonction serait d'ailleurs renforcée par le projet de délestage de la gare de Lyon au profit de la gare d'Austerlitz qui prévoit la construction d'un raccordement permettant l'itinéraire direct Conflans - Masséna, en passant par la Petite Ceinture (Voir LVDR n° 2 705 du 14 juillet 1999).

Michel CHLASTACZ LVDR du 28/07/99