La Réunion s'accorde sur le retour du train

Disparu dans les années soixante, le train de La Réunion pourrait renaître. L'idée, longtemps prônée par les associations, est reprise par les élus. Une alternative possible à la saturation automobile de l'île. Reste à régler le financement...

Trente-cinq ans. C'est environ le temps qu'il a fallu pour que la Réunion renoue avec le rail, du moins sur le papier. Du " Ti train lontan ", il ne reste que 4,5 km de rails, trois autorails des années 50 et une vieille loco à vapeur. Autant dire qu'il est relégué au rayon des souvenirs.

Pourtant, certains décideurs estiment aujourd'hui que le train est la meilleure solution au problème chronique des transports dans l' île.

En effet, la Réunion est étouffée par la prolifération toujours plus envahissante, des voitures. Chaque année, elle importe quelque 20 000 véhicules qui viennent grossir les embouteillages. Sans compter que le réseau routier n'est plus adapté au développement futur de l'habitat à mi-hauteur de l' île et sur le littoral. C'est une évidence : le tout-voiture a vécu.

Hier portée par des militants associatifs vindicatifs mais obstinés, l'idée du retour du train fait aujourd'hui son chemin dans les couloirs du conseil régional.

Mieux, le chemin de fer fait partie des possibilités retenues dans le Schéma global de déplacements. Philippe Berne, élu régional et président de la commission aménagement, environnement et déplacements, veut même accélérer le mouvement : " j'ai longtemps pensé que les bus en site propre constitueraient une longue étape avant le train ; maintenant, je milite pour qu'on aille plus vite. " Un transport en commun en site propre par bus est programmé à l'horizon 2005 au nord du département, entre Saint-Benoit et Saint-Paul, soit une soixantaine de kilomètres. Le cahier des charges prévoit que des rails puissent être installés, pour un tramway ou un train. Mais, le chemin de fer, malgré un coût élevé, permettrait le transport du fret.

Sa réalisation se heurte pour l'heure à des difficultés techniques importantes.

D'abord, la traversée de la préfecture : Saint-Denis ne possède pas de foncier disponible. Ensuite, la route qui longe le littoral entre Saint-Denis et Saint-Paul ne laisse pas de place entre mer et falaise. De plus, les fréquentes chutes de pierre en font une voie à hauts risques.

Une première tranche pourrait néanmoins voir le jour dans un délai raisonnable. La vingtaine de kilomètres séparant La Possession de Saint-Paul offre suffisamment de place pour accueillir des rails. Toutefois, la région prend bien garde à ne pas avancer de date : c'est que le financement s'annonce comme un vrai casse-tête.

La région est en effet engagée à hauteur de 15 milliards de francs dans un schéma d'aménagements routiers ambitieux. Ce qui représente l'équivalent de trente ans du Fonds d'investissement transports prélevé sur le prix de l'essence.

La collectivité envisage donc d'aller frapper à la porte de l'Etat et des instances européennes.

Nicolas FLÉCHÈRE et Lau DELISLE LVDR 30/12/98