Locomotives, fourgons, voitures ou wagons radiés
peuvent rapporter du chiffre d'affaires à la SNCF. Rénovés,
ils intéressent encore particuliers et réseaux,
en France comme à l'étranger.
Après vingt-cinq, trente ou quarante ans de bons
et loyaux services, le matériel roulant est radié,
c'est- à-dire retiré de l'inventaire du parc SNCF.
Sur une voie désaffectée ou dans un triage, il attend
paisiblement le verdict : reprendre du service à l'étranger,
être bichonné par des associations ferroviaires,
être vendu morceau par morceau ou bien finir à la
casse.
« Pendant longtemps, le matériel radié était
vendu en l'état, ou, s'il ne trouvait pas preneur était
cédé à la ferraille », commente Bernard
Christians, chargé de mission à la direction du
Matériel et de la Traction. Aujourd'hui, la direction des
Achats et celle du Matériel travaillent ensemble pour proposer
aux acheteurs potentiels un matériel rénové.
En 1998, ces ventes ont représenté un chiffre d'affaires
de 40 millions de francs.
Tout commence par un recensement.
«Les prévisions de radiation des
voitures et des wagons sont transmises à la direction des
Achats par les activités, la direction Matériel
et la filiale France Wagon, commente Jean-Pierre Bidon, du département
des ventes (direction des Achats).
Munis de ces informations, on peut alors prospecter, répondre
aux demandes directes des clients ou aux appels d'offres. »
Nouvelle vie à l'étranger
Qui achète
? Les associations touristiques sont intéressées
par le matériel et la conservation du patrimoine ferroviaire.
Mais le matériel peut aussi finir sa vie chez un industriel,
dans la sidérurgie, les mines ou dans une filiale SNCF.
Bien souvent, il refait sa vie à l'étranger. Ainsi,
en 1997, 14 voitures ont pris le chemin du Gabon.
Moins loin d'ici, 84 voitures ont été vendues aux
chemins de fer belges, en 1996, pour étoffer leur transport
régional. Un marché qui a rapporté à
la SNCF 76 millions de francs. Actuellement, des négociations
avec Cuba, l'Uruguay, le Maroc et l'Algérie sont en cours
pour l'exportation d'environ 200 voitures et une centaine d'autorails
et de remorques.
Mais le matériel peut aussi partir morceau par morceau
vers l'étranger.
En 1997, l'Allemagne a subi une épidémie de fissurations
de boggies. Une fois révisés, environ 2000 boggies
ont franchi le Rhin, soit un chiffre d'affaires de 35 millions
de francs.
Enfin, pour ce qui concerne les engins, voitures ou wagons n'ayant
pas trouvé acquéreur, une fin plus triste les attend.
Les plus valides feront un ultime voyage vers des chantiers de
démolition organisés. Les ferrailleurs récupéreront,
selon les besoins des ateliers, les pièces en bon état
pour les dons d'organes. Les plus mal en point seront découpés
sur place par les ferrailleurs ; 3000 wagons, 150 voitures et
engins moteurs ont fini à la ferraille en 1998. Ce qui
a rapporté quand même un chiffre d'affaires de 7
millions de francs.
Dans les triages, les voies et les ateliers des autres pays industrialisés,
le matériel roulant attend aussi des acquéreurs.
La concurrence existe, allemande, espagnole, canadienne ou belge.
Quand le pays acheteur a décidé d'adopter le matériel
SNCF et commandé les rénovations, il faut alors
monter une offre de financement. Les préteurs ne courent
pas les rues, et les affaires mettent de nombreuses années
pour aboutir. Une fois l'affaire engagée, la tâche
de la direction des Achats n'est pas terminée : elle doit
encore s'assurer que l'argent rentre, ce qui n'est pas toujours
facile.
Les rénovations de matériel roulant radié
commandé par les acheteurs augmentent sa valeur de vente.
En 1996, 84 voitures USI aménagées ont été
vendues aux Belges près de un million de francs l'unité,
alors qu'en l'état elles ne valent que 150 000 francs.
Les Etablissements du matériel voient donc revenir pour
un court séjour les engins du passé.
En fonction de la demande, ils exécutent les révisions
d'infrastructure ou réalisent des équipements intérieurs
électriques ou de confort (sanitaires, sièges...).
Il peut aussi s'agir d'opérations lourdes de peinture de
caisse ou de montage d'attelages automatiques.
- 580 wagons modifiés et révisés ont été
vendus par la SNCF en partie pour le compte de sa filiale France
Wagon, pour un montant de 21 millions de francs. Ces wagons ont
trouvé acheteur auprès des sidérurgistes,
de sociétés de transports à destination des
pays de l'Est ou bien, en France, pour le transport d'automobiles.
- La vente des voitures et des fourgons rapporte en moyenne 50
millions de francs par an ; en 1998, ce chiffre a chuté,
faute de disponibilité de matériel à 6 millions
de francs. Parmi les acheteurs, le Gabon a contracté un
marché pour 4 voitures TEE Inox, 8 voitures DEV Inox et
2 voitures Grill Express DEV AO.
Le Mali, autre client, s'est porté acquéreur pour
5 voitures Bl OT DEV SI et 116 boggies à adapter sur place.
Des Corail rénovés ont été vendus
à la Région Rhône-Alpes, un TGV à La
Poste et un autre à la Suisse.
- Les engins moteurs radiés présentent une particularité.
Ils sont très fréquemment «cannibalisés»
sur place :
les pièces en bon état sont récupérées
pour l'entretien du parc existant. Reste qu'en 1998 la vente d'engins
a rapporté à la SNCF 7,3 millions de francs.
Les principaux acheteurs sont des entreprises françaises
de travaux de voies. Enfin, en juin 1998, une 63000 a été
livrée à Cuba.
Catherine Moussin Les Infos du 30-06-99