Voila une bonne nouvelle, ceux qui encombrent l'axe autoroutier Allemagne-Espagne prennent le taureau par les cornes et proposent du concret. Parce que le Mammouth ( la SNCF) a bien du mal à se bouger, il étudie, étudie, étudie et puis c'est tout.

Cette fois, ce sont les Allemands qui vont nous apprendre à transporter des camions, on en est totalement incapable, hélas. Les histoires de gabarit, on en parle depuis 20 ans, mais on y a toujours rien fait, il faudrait qu'on s'y mette pour de bon. On n'est doué que pour des chantier pharaonique de TGV...

L'Allemand qui veut mettre ses camions sur des trains


Un transporteur routier allemand, Roos Rail, veut mettre en place une autoroute ferroviaire entre Toul et Rivesaltes. Il présente un prototype de wagon surbaissé, construit par Adtranz, ce 24 juin, à Bâle.
C'est à Bâle, le 24 juin, que doit se poursuivre le débat qui, depuis la catastrophe du Mont-Blanc, se développe dans une partie de l'opinion sur l'opportunité - et la possibilité - de développer le ferroutage en Europe. Ce jour-là, en effet, sera présenté un prototype de wagon porte-camion surbaissé construit par Adtranz : fait notoire, cette manifestation a lieu à l'initiative d'un routier allemand, Roos Spedition.
Depuis 1997, Roos Spedition, société implantée en France via sa filiale Roos Rail, cherche à mettre sur pied un service d'autoroute ferroviaire pour traverser la France sur 900 km entre Toul et Rivesaltes. Cette entreprise, dont le chiffre d'affaires atteint 100 millions de francs pour une centaine de camions, réalise la majorité de son activité dans l'acheminement de produits chimiques entre l'Allemagne et l'Espagne. « L'intérêt de cette autoroute ferroviaire, qui serait rythmée par un départ par sens toutes les quatre heures, est de franchir l'obstacle temps, détaille Franjo Mihaljcuk, le directeur de développement de Roos Rail. En mettant les camions sur train, le trajet Berlin - Madrid est par exemple, réduit de 68 heures à 50 heures, car pendant que les chauffeurs observent la pause obligatoire, la marchandise continue d'avancer Autre avantage : celui de débarrasser l'autoroute A 6 de 2 milliards de t. km par an. » Roos Rail compte ainsi investir près de 450 millions, dont la majorité dans la construction de 300 wagons qui seraient tractés par des locomotives de la SNCF. Interrogée, la CGT se dit, dans ces conditions, favorable à ce projet. Armand Toubol, directeur de Fret SNCF est, lui, « prêt à assurer l'acheminement des trains formés par Roos », tout en reconnaissant que ces « projets d'autoroute ferroviaire sont intellectuellement séduisants, mais économiquement difficiles à rentabiliser ». C'est en effet, outre la saturation de l'axe Lyon Montpellier, l'un des principaux obstacles que l'on met en avant au ministère des Transports, la route roulante Roos aurait besoin de 100 millions de francs de subventions annuelles. Quant à l'obstacle technique, il parait en partie résolu.
Au bout d'un an et demi de recherche et de discussions approfondies avec Talbot, De Dietrich puis Arbel Fauvet Rail, Roos semble avoir trouvé le constructeur capable de lui fournir un wagon surbaissé, qui ne souffre pas du défaut des matériels à petites roues comme ceux de la route roulante suisse : une usure prématurée des roues. Le wagon d'Adtranz serait ainsi capable de parcourir plus de 150 000 km sans usure rédhibitoire.
« Reste que le wagon d'Adtranz ne peut faire mieux que le gabarit GBI », reconnaît Franjo Mihaljcuk. Ce qui signifie qu'en l'état actuel, le projet de Roos Rail bute sur une question de gabarit et que ses trains ne pourraient pas franchir les 6 000 mètres de tunnel au sud de la France. A moins d'engager des travaux pour plusieurs centaines de millions de francs, ce que RFF ne semble pas exactement disposé à faire. Roos pourrait alors se tourner vers l'Europe.
Marc FRESSOZ La Vie Du Rail Juin 99