Albi - Saint-Juery : cent ans et plein de projets
Albi - Saint-Juery vient de fêter ses cent ans le 24 décembre.
Actuellement, le trafic fret est alimenté par 5 sociétés
dont 4 disposent d'une installation terminale embranchée
(ITE). La « Verrerie ouvrière d'Albi » (VOA)
reçoit par semaine 960 tonnes (t) de sable provenant de
Lavardac, et expédie des bouteilles ; la société
« Briane », située à proximité,
reçoit des déchets de verre d'Allemagne, à
raison d'un train de 1 700 t par mois ; la société
« Maraval » reçoit trois à 4 wagons
par trimestre de grumes, en gare de Saint-Juery. Au départ
de cette gare sans gérance depuis dix ans, la société
« Tarnaise des panneaux» expédie trois wagons
par mois vers l'Italie. Les établissements « Doumerg
» de la zone industrielle de Jalard reçoivent des
engrais 1 fois par trimestre par trains Rapilège. La ligne,
dont la vitesse est limitée à 40 km/h, est équipée
de
rails double champignon de 38 kg/m, et les PN automatisés
à franchissement conditionnel sont équipés
d'une commande radio. La desserte de base de la ligne est assurée
3 fois par semaine, ou plus en fonction du trafic, avec l'Y8000
d'Albi, qui, au-delà de 500 t, est remplacé par
des BB 66 000.
Quant au trafic voyageurs, un projet de liaison entre Albi et
Marseille via Saint-Affrique, Le Vigan et Nîmes, avait déjà
été mis en oeuvre il y a une centaine d'années.
Mais la compagnie du Midi, à qui revenait la concession
de la partie Albi - Saint-Affrique, comprit qu'elle ne rapporterait
pas de bénéfices, au contraire. Les travaux d'infrastructure
(plate-forme, ouvrages d'art et maisons de garde des PN) durèrent
35 ans, mais la compagnie avait refusé la réception
des travaux, en 1932. Deux ans plus tard, arrêt officiel
des travaux.
Ceux de la superstructure (voie et bâtiments des gares)
au-delà de Saint-Juery ne furent jamais entrepris. Si la
ligne Albi - Saint-Juery vit le jour, c'est grâce à
la ténacité des aciéries du « Saut
du Tarn », à Saint-Juery pour qui cette liaison était
nécessaire à son expansion. Sur la ligne inachevée
Saint-Juery - Saint-Affrique (70 km), déclassée
en 1941, une route touristique prit le relais sur une bonne partie
du tracé. Quant aux 9 km de la ligne Albi - Saint-Juery,
ils furent concurrencés dès 1909 par la ligne parallèle
à voie métrique Albi Saint-Juery - Alban, amenant
la compagnie du Midi à fermer sa ligne aux voyageurs, en
1933. Dés lors, exclusivement pour le fret, la ligne écoulait
essentiellement les marchandises du « Saut du Tarn »
jusqu'en 1983, date de la fermeture des aciéries. Suivait
la dépose du très particulier embranchement comportant
un rebroussement avec passage sous la première partie.
Insérée en plein tissu urbain et industriel, la
ligne pourrait pourquoi pas trouver un jour un développement,
sans trop d'investissement, dans une desserte périurbaine.
Cette desserte pourrait s'effectuer grâce à une navette
autorail desservant au passage des points d'arrêt à
aménager. De plus, elle constituerait ainsi un axe majeur
dans les transports en commun en s'appuyant sur le réseau
de bus urbain albigeois « Albibus », grâce à
des points de correspondance.
Bernard VIEU LVDR du 26-01-00