Sur tous les articles que j'ai pu lire, c'est peut être un des seul qui souligne le fait que l'enquête ne met aucun responsable en cause."C'est la faute à pas de chance." écrivent-ils, avec ironie. Et puis le rapport accuse un peu les Italiens, bien sûr c'est plus simple de trouver un bouc émissaire hors de nos frontières...
Il n'y aurait pas eu 40 morts, (pardon, seulement 39 morts), on aurait dit, "on a eu tres chaud!, mais on va vite faire quelque chose pour éviter que ca recommence un jour".
Mais avec tous ces morts, les automobilistes en vacances, au travail, les routiers, victimes de la politique de rendement qui leur est imposée - si ce metier te plait pas, tu dégages, y'en a plein qui attendent pour bosser - le "motard" du tunnel qui a sauvé des vies avant de laisser la sienne, le Pompier qui s'est sacrifié pour un de ses hommes, tous ces gens sont morts pour rien. Les meurtriers qui se sont enrichis avec les bénéfices faramineux de cette poule aux oeufs d'or, qui n'ont pratiquement pas réinvestis les fonds pour entretenir et améliorer la sécurité des usagers ( plus de la moitié des caméras en panne, pas de pompiers professionnels, "secouristes" sous équipés...) sont toujours libre comme l'air. Le seul endroit oû ils ont investi, c'est la corruption, il n'y a qu'à voir, par exemple l'appartement de service qu'a obtenu le sieur Balladur...
Et les autorités qui ont laissé tant de personnes circuler dans ce four crématoire en puissance.
Juste apres la catastrophe, on apprenait que la commission de sécurité des Pompiers avait remis au prefet un rapport soulignant les faiblesses de la sureté du tunnel. Ce personnage a nié l'avoir eu entre les mains, comme par hasard, et alors ?
Même si une personne de son entourage avait eu la chance de le lire, il aurait vite interpellé le prefet, en lui signalant la gravité du problème. De toute façon, il n'y a pas 1 000 boites aux lettres à la préfecture de Haute-Savoie. Il a lu le rapport, il n'a pas pris ses responsabilité. Le lendemain, on a vu les Pompiers interviewés refusant de faire des commentaires, ils n'en avaient pas le droit, depuis quand empêche-t'on les Pompiers de parler?
Cette enquête a été bâclée, superficielle, et surtout, elle est complètement inutile,même si c'est uniquement une enquête technique, elle aurait pu souligner tout ce qui n'allait pas. On attend avec impatience les résultats de l'enquête judiciaire qui devra démonter le système ATMB et toutes ses ramifications.
J'espère que les vrais responsables ont bien conscience de ce qu'ils ont fait ( ou plutôt ce qu'ils n'ont pas fait) et qu'ils en font des cauchemars. Encore des "responsable mais pas coupable"!!
Tunnel du Mont-Blanc: pas de responsable
L'expertise sur la tragédie
exonère les exploitants français et italien.
C'est la faute à pas de chance. Ni la société
italienne du tunnel du Mont-Blanc, ni l'ATMB (Autoroute tunnel
Mont-Blanc) ne sont mis en cause dans le rapport d'expertise demandé
par le ministère des Transports à la suite de la
catastrophe qui a coûté la vie à 39 personnes
le 24 mars. C'est un nouveau bilan, alors que le précédent
faisait état de 40 victimes.
Dans cette enquête qui sera rendue publique demain, les
dysfonctionnements tant dénoncés par les secours
au moment de la catastrophe ont presque entièrement disparu.
Une simple phrase dans un texte de 30 pages fait état d'une
« dissymétrie d'organisation des deux pays ».
Seuls les ventilateurs côté italiens, déjà
mis en cause dans le rapport d'étape remis au ministère
des Transports le 13 avril, restent sur la sellette. Les premières
conclusions révélaient qu'ils avaient été
placés en position de soufflerie, au lieu d'être
utilisés comme extracteurs de fumée.
Résultat : les flammes avaient pu être attisées.
Mais aujourd'hui, cette faute est en partie pardonnée et
les enquêteurs estiment que « le régime de
ventilation côté italien n'a mis en péril
ni les usagers ni les équipes de secours », En revanche,
Michel Marec, Pierre Duffé et Pasquale Cialdini, les trois
experts qui ont planché depuis le 24 mars sur les raisons
de l'accident, soulignent que « la présence des fumées
n'a pas dissuadé les conducteurs de poursuivre leur progression,
jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent les uns derrière
les autres ».
Si les experts ne s'étendent pas sur le manque d'hommes
et de moyens qui a pu accentuer la catastrophe, ils sont beaucoup
plus diserts sur les mesures à prendre pour en éviter
une nouvelle, tout en écartant les projets trop coûteux.C'est
ainsi que la construction d'un tunnel secondaire permettant une
évacuation rapide des usagers passe aux oubliettes. A la
place : 41 propositions pour une meilleure sécurité.
On y trouve de tout : une commission intergouvernementale commune
de contrôle pour les édifices franco-italiens (le
Mont-Blanc, le Fréjus et le Tende), des extracteurs d'air
dernier cri, le doublement du nombre des refuges - tous reliés
à des gaines d'air frais - et enfin une meilleure signalisation
pour les usagers.
Evidemment, au siège de l'ATMB,on applaudit à la
lecture de ce rapport, précisant même que «
ces propositions allaient dans le sens de celles que la société
avait elle-même formulées ».
Mais ce triomphe affiché ne présage pas des conclusions
de l'enquête judiciaire qui, selon le ministère des
Transports, auraient dû, elles aussi, être dévoilées
ces jours-ci. Mais Bruno Charve, procureur de la République
du parquet de Bonneville (Haute-Savoie), est en congé pendant
tout le mois de juillet, tout comme Pierre Guesdon, le juge d'instruction
chargé du dossier.
Michel Holtz Liberation du 07-07-99